Mon entretien à l’UdeS : « Étudier, pratiquer, enseigner : une carrière en droit »

Claudiu Popa

Le 16 avril 2017, le Journal L’Obiter de la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke publiait une entrevue avec moi. Cette entrevue avait notamment comme objectif de motiver des futurs avocats de la Faculté à découvrir le droit criminel et pénal, et pourquoi pas, de faire plus d’une chose à la fois dans le domaine juridique.

Le 16 avril 2025, pour souligner les 8 ans depuis sa publication, je partage ici l’intégralité de l’article :

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Étudier, pratiquer, enseigner: une carrière en droit


par Katharine HSU

Me Claudiu Popa est un diplômé du baccalauréat en droit et de la maîtrise en droit de l'Université de Sherbrooke. Il est présentement chargé de cours et étudiant au doctorat à l'Université de Sherbrooke. Me Popa est aussi fondateur du cabinet ACP | Avocats, spécialisé notamment en droit criminel et pénal. On vous présente son parcours professionnel intéressant et complexe afin d'inspirer les jeunes étudiants et leur montrer qu'il n'y a pas un chemin unique pour mener sa carrière en droit.

Nous nous sommes rencontrés à la Faculté pour discuter de l’ensemble de son parcours et voir ce qu'il a à dire aux futurs avocats.

La bibliothèque de la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke

Q&R

Question: Pourquoi avez-vous choisi l'Université de Sherbrooke?
Réponse : D'abord parce que c'est l’une des meilleures facultés de droit francophones en Amérique du Nord. Je garde d'excellents souvenirs de mon passage en tant qu'étudiant au baccalauréat. L'un des aspects que j'ai beaucoup appréciés est son corps professoral qui se distingue par des professionnels très compétents et disponibles, proches des étudiants et qui enseignent à de petits groupes, permettant ainsi un rapport plus cordial, direct et rapide avec les étudiants. Un autre élément marquant sont les nombreuses activités pratiques; offertes au sein de la Faculté, autant au niveau académique qu'au niveau social : des activités pratiques de communication juridique, des procès simulés, des activités cliniques, des stages auprès de différentes Cours de justice, des écoles d'été, des projets pro bono, des concours intrafacultaires et extrafacultaires, etc. S'ajoute à cela la possibilité de s'impliquer dans l’association étudiante, dans différents clubs ou journaux étudiants comme L'Obiter ou le comité rédactionnel de la R.D.U.S., etc. C'est ce type d'activités pratiques qui, combiné aux activités d'apprentissage traditionnel, aide à construire l'identité du futur juriste.

Question: Pourquoi avez-vous choisi le droit criminel comme domaine de pratique?
Réponse : Le droit criminel est une branche à la fois très passionnante et très importante du droit puisqu'il assure traditionnellement plusieurs fonctions considérées comme indispensables dans les sociétés occidentales: le maintien de l’ordre public, la conformité sociale, la protection des victimes, l’aspect dissuasif et punitif à l'endroit de ce que la société a défini en tant que crime, etc. Très invasif et lourd de conséquences, ce domaine a parfois l'effet de restreindre de manière significative les droits et les libertés fondamentaux des citoyens visés. Par contre, en l’absence d'enquêtes adéquates de la part des autorités policières et du travail éthique de la part des institutions assurant le service de poursuite judiciaire, le crime pourrait difficilement être combattu. C'est un équilibre très fin, de nature juridique, philosophique, sociologique et idéologique, que la sphère du droit criminel dans son ensemble (autorités policières, praticiens, juges, professeurs, chercheurs, etc.) doit s'efforcer constamment de maintenir. C'est une tâche difficile, mais hautement passionnante et responsabilisante.

Question : Quel est votre parcours en droit pour aboutir, aujourd'hui, étudiant au doctorat, avocat en pratique privée et chargé de cours?
Réponse : Mon parcours professionnel en droit a véritablement débuté au moment où ma candidature a été retenue pour un poste de stagiaire en droit coopératif par un bureau régional du Directeur des poursuites criminelles et pénales. J’ai travaillé notamment auprès de l'équipe des appels sur des dossiers très intéressants destinés à la Cour d'appel du Québec et de la Cour suprême du Canada. Après avoir terminé la formation universitaire et l'École du Barreau, j'ai complété le stage de formation professionnelle auprès du Directeur des poursuites criminelles et pénales. Une expérience très enrichissante qui m'a permis d'acquérir, en un temps très court, toutes les habiletés requises pour devenir plaideur. Je concentre maintenant mes efforts professionnels chez ACP | Avocats, un cabinet d'avocats très dynamique et moderne qui met l’accent sur une relation de confiance, d'empathie et de respect à l’endroit de ses dients, et ce, en offrant des services de haute qualité. Parallèlement au développement professionnel, j'ai réalisé deux autres passions que j'affectionne beaucoup : les études supérieures et l’enseignement universitaire.

Question : Que pensez-vous de la formation offerte aux futurs avocats?
Réponse : Le baccalauréat en droit et l'École du Barreau offrent aux avocats un ensemble d'habiletés très importantes, axées principalement sur la pratique juridique de tous les jours. Par contre, pour moi, il a toujours été très important d'élargir mes connaissances, mes habiletés et mes aptitudes intellectuelles au-delà du standard de la profession. C'est ici qu'intervient la nécessité de développer des aptitudes supplémentaires, provenant de la sphère scientifique du droit comme la recherche appliquée aux cycles supérieurs, initialement à la maîtrise et maintenant au doctorat, la compréhension et l’intégration appropriée d'autres disciplines importantes comme la sociologie, la psychologie et la philosophie dans un effort d'éclairage de la connaissance juridique ou encore des habiletés accrues de synthèse et d’analyse dans le processus de rédaction scientifique. Ces aptitudes supplémentaires peuvent ensuite servir non seulement dans la poursuite d'une carrière académique, mais aussi dans la pratique courante de l’avocat, qui possède alors plus d'outils professionnels dans son arsenal argumentatif et logique, éléments qui lui fournissent ultimement plus d'adéquation, de pertinence et d'assurance dans les propos et les positionnements qui s'adressent aux tribunaux. Selon moi, de plus en plus d'étudiants en droit constatent les bénéfices de l’érudition juridique au moyen de la multidisciplinarité et de l'approfondissement des connaissances en général, réalité qui me réjouit et que j’encourage.

La salle de cours « Centre judiciaire », Facultaté de droit, Universitaté de Sherbrooke

Question: Vous êtes aujourd'hui chargé de cours à la Faculté de droit de l'Université de Sherbrooke. Pourquoi avez-vous choisi l'enseignement?

Réponse : C'est, pour moi, l'activité professionnelle la plus plaisante à effectuer. C'est également la conséquence la plus logique qui découle des connaissances acquises au fil des années d'étude. Plus le chercheur en moi accumule de l’information, plus il est animé par le désir de transmettre cette connaissance aux étudiants qui sont maintenant à la place où j'étais il y a quelque temps. Ici encore, comme c'est souvent le cas pour les activités professionnelles qui valent véritablement la peine d'être pratiquées, j'ai commencé au plus bas de l'échelle académique et, en combinant la persévérance, la passion et le travail soutenu, on m'a accordé de plus en plus de responsabilités : correcteur d'examens pour plusieurs professeurs, chercheur, assistant de recherche, auxiliaire d'enseignement et chargé de cours. Par ailleurs, le fait d'enseigner constitue pour moi un véritable privilège qui me permet d'avoir un autre type d'impact : direct et personnel, sur l'avenir de la profession.

Question: Quel est votre message aux étudiants et futurs avocats de la profession?
Réponse : J'espère que les futurs avocats retiendront de cet entretien l’imporlance de l'implication universitaire et professionnelle et l’importance de viser à acquérir de plus en plus de connaissance pertinente et variée, à la fois spécifique et générale, et de la mettre au service de leurs clients, de leur profession et de la société dans son ensemble. Un mot d'encouragement également pour les étudiants qui doutent de leur choix : il n’y a pas de voie unique dans votre choix de carrière lorsque vous étudiez en droit. Soyez résilients et bien intentionnés et des portes finiront ultimement par s'ouvrir à vous.

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Ce billet a été écrit par Katharine Hsu. Me Katharine Hsu est actuellement avocate pour le Ministère de la Justice du Canada.

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